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18 décembre 2006 1 18 /12 /décembre /2006 20:02

 pour le prochain numéro du magazine "Atout Chien"

 

 

Si vous êtes un lecteur assidu de la presse cynophile, vous avez probablement noté l’emploi fréquent du terme « socialisation » dans les articles des professionnels du chien et du chat. Mais de quoi s’agit-il exactement ?

 

 

D’après le Grand Dictionnaire de la Psychologie, lorsqu’il s’agit d’humains, la socialisation est un « processus d’adaptation d’un enfant au milieu socio-culturel dans lequel il est élevé. »

Le sujet va apprendre les normes de la société dans laquelle il vit pour pouvoir y trouver sa place et y exercer une activité.

Cette définition précise que le sujet est considéré comme un être passif que son milieu doit modeler pour l’adapter à son environnement.

 

 

Si nous adaptons ces notions à nos chiens, on aura compris qu’il s’agit de les préparer à la vie en société, en cohabitation avec leurs congénères, les humains, les autres animaux, la ville, bref, tout ce qui fera son milieu futur.

 

 

Au commencement de la vie, lorsque la fratrie est encore complète avant d’être fractionnée dans plusieurs familles, ses interactions sont formatrices des normes en vigueur dans l’espèce : comportements alimentaires et exploratoires, jeux, conflits, simulacres de combat ou de prédation sont autant de moments forts dans l’apprentissage. C’est pour cette raison qu’il est vivement déconseillé de séparer les chiots de leur fratrie avant l’âge de 7 à 8 semaines, car c’est durant ce laps de temps qu’ils s’imprègnent des règles de vie des chiens. Si les petits sont séparés trop tôt, ils n’ont pas le temps d’acquérir les autocontrôles canins qui leur serviront de base plus tard.

Cette phase est appelée « intra spécifique », car il s’agit pour l’individu d’apprendre les codes de son espèce.

 

 

La mère est un agent de socialisation privilégié, mais elle n’est pas le seul. Les autres individus du groupe interviennent dans l’apprentissage et la formation des petits si on leur en laisse la possibilité. Certains éleveurs enferment les chiens de peur qu’ils blessent accidentellement les chiots et l’on comprend pourquoi c’est dommageable puisque plus il y a de contacts, mieux les petits sont socialisés.

 

 

Les humains interviennent dans la phase dite « inter spécifique », celle qui permet au chien de faire connaissance avec les autres espèces : les hommes eux-mêmes, (par les manipulations, les contacts affectifs, et même la seule présence lorsqu’aucune interaction n’est provoquée), les autres animaux (chats, chevaux, chèvres, moutons, volailles, et autres…). et avec les objets de la vie courante (voitures, cyclistes, piétons, tondeuses à gazon, jouets d’enfants etc.).

 

 

 

Les deux périodes se chevauchent et il est important de préparer les petits à un maximum de situations qu’ils seront éventuellement amenés à côtoyer plus tard.

 

 

Comme l’écrivait le Docteur Bernadette Quéinnec en 1981, « L'éleveur devra donc rester un certain temps avec les chiots, se laisser flairer, lécher par eux, les manipuler et leur parler.

 

Les chiots très manipulés petits seraient plus forts tant psychiquement que physiquement que leurs congénères non manipulés. […] Des chiots soumis depuis leur naissance à des stimulations répétées ont été plus tard mieux armés que des chiots n'ayant pas subi ces stimulations. »

 

 

 

Plus le temps passe, plus la capacité des chiots à acquérir de nouvelles connaissances sans peur excessive diminue (sans pour autant atteindre le point zéro).

Par exemple, si vous achetez un chiot élevé en cage jusqu’à l’âge de 5 mois et que vous l’emmenez vivre en ville avec vos trois jeunes enfants, il y a de grandes chances pour qu’il soit terrorisé par tout ce qu’il doit découvrir s’il n’y a pas été préparé : l’agitation citadine, les enfants qui crient, les véhiculent bruyants, les chats qui vivent aussi chez vous ou qu’il va croiser dans la rue, la télévision qui hurle et la machine à laver qui tourne.

 

 

Le danger de l’hyper stimulation 

 

On comprend l’importance du rôle de l’éleveur, mais attention aussi à ne pas stimuler à l’excès les petits. De la même manière que les jours d’école ne durent pas 12 heures pour nos enfants, on ne peut pas exciter des chiots à l’infini sans risquer de les pousser au delà de leur seuil de tolérance. Il est indispensable de leur laisser un temps de repos. Un minimum de prudence et de réflexion s’impose donc, et les éleveurs sérieux ne s’y trompent pas.

 

 

Si la socialisation n’a pas été effectuée, comment s’y prendre ?

 

Vous constatez que votre chien ou votre chiot, dès son arrivée dans votre foyer, développe des peurs dans certaines situations ? Prudence, prenez garde à ne pas adopter d’attitude excessive : ne sortez pas votre chiot à une fête foraine en plein « rush » car vous risquez de lui occasionner un traumatisme irréversible. Ne le confinez pas non plus à la maison en espérant que cela passera avec l’âge, car c’est faux : comment pourrait-il apprendre quoi que ce soit sur l’extérieur sans sortir de chez lui ?

Avec un peu d’expérience de la psychologie canine, du doigté et beaucoup de patience, un propriétaire peut aider son compagnon à découvrir sans stress de nouvelles situations, mais le risque de causer plus de mal que de bien est réel. Je ne peux que conseiller l’intervention d’un comportementaliste pour mener une thérapie comportementale et pallier aux manques de stimulations tout en respectant les émotions de l’animal, pour ne pas le brusquer, le braquer ou pire, le traumatiser.

 

à ne surtout pas faire

 

-    forcer le chien à affronter les situations qui l’inquiètent de manière brutale et non réfléchie

- ignorer les signes de stress qu’il donne (position corporelle de peur, regard fuyant, queue ramenée sur le ventre, tête baissée ou rentrée dans les épaules, refus d’avancer, grande agitation, perte de poils, formation de pellicules sur la peau au moment des sorties, etc….)

 

 

 

 

 

Laurence Bruder Sergent

Comportementaliste

Auteur du livre « la cause des chiens »

www.comportement-canin.com

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commentaires

F
Génial, il n'y a pas d'autres mots qui me vienne à l'esprit. J'ai lu et j'ai été bluffé, je comprend beaucoup mieux à présent le comportement de mes deux chiens. Bien entendu pas aussi bien qu'un comportementaliste mais, j'en ais tiré beaucoup de conclusions.Merci pour l'aide que vous m'avez apporté grace à ce blog.Cordialement.
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L
Bonjour,et merci pour vos éloges.Je suis ravie qu'un de mes textes vous aient apporté tant de satisfaction.<br /> Cordialement,Laurence Bruder Sergentwww.comportement-canin.com
C
Bonjour Laurence, C'est par hasard que je suis tombée sur votre blog et je le trouve vraiment super. Mes félicitations!!!<br /> Félicitations aussi pour votre livre, la cause des chiens, peux-t-on le trouver dans une grande librairie telle que la Fnac???ou dois je le commander par le biais de votre site?Cordialement 
Répondre
L
Bonjour et merci pour vos encouragements, c'est toujours agréable de constater que son travail est apprécié.<br /> Mon livre n'est pas distribué par la FNAC, il faudrait que vous passiez par mon site, vous avez le choix entre un paiement par paypal (parfaitement sécurisé) ou d'envoyer un chèque si cela vous rassure davantage.<br />  <br /> Bonnes fêtes de fin d'année à vous,<br />  <br /> Laurence