Do you speak « chien » ?
Au Japon, on décrypte paraît-il depuis peu les aboiements des chiens ! En France aussi, on cherche à les décoder pour mieux connaître nos amis et cerner leur personnalité. Mais de leur côté, les toutous comprennent-ils réellement notre charabia et nos injonctions ? Voici deux ou trois clés pour une meilleure communication réciproque. A l’attention des humains only…
Par Anne-Caroline BRICE
L’invention révolutionnaire est directement venue du pays du Soleil Levant. C’est en effet au Japon qu’un vétérinaire astucieux -et un brin cupide peut être aussi- a récemment mis au point le « Bowlingual », petit appareil électronique équipé d’un microphone attaché au collier du chien qui transmet ses aboiements à un traducteur automatique. Celui-ci analyse les sons émis et propose une version en anglais de ce que le toutou a voulu exprimer. Avec l’aide de deux cents modèles d’émotions puisés dans une banque de données, le Bowlingual détermine si l’aboiement -et donc l’intéressé- est heureux, triste, frustré, en colère, quémandeur… Les traductions proposent des expressions comme « je veux jouer », « moi, pas content », « j’ai faim » ou « c’est fou comme on s’amuse »… La belle affaire !
Ce gadget qui a été salué par l’hebdomadaire américain Time comme étant l’une des innovations les plus originales de l’année 2002, est vendu dans le monde -mais pas encore dans l’Hexagone- pour l’équivalent de 90 euros. Malgré 30% de retour au fabriquant de jouets (Takara Co) pour insatisfaction de quelques clients, ce boîtier rigolo semble encore promis à un bel avenir. Les Américains en raffolent. Quant aux Français -ceux qui connaissent l’existence du petit bijou- se demandent quand le Bowlingual débarquera chez nous…
« esbroufe », « gadget », « arnaque » : Laurence Bruder-Sergent* spécialiste du comportement canin, n’a pas de mot assez dur pour qualifier ce boitier, censé livrer aux maîtres perdus la clé d’une bonne communication avec leur fidèle compagnon. « Car chaque an
Plus généralement, il semble d’abord que le
Pour comprendre son toutou, il faut donc non seulement écouter son aboiement mais aussi examiner son attitude et évaluer le contexte dans lequel il s’exprime. Car le chien ne communique par seulement par des sons mais aussi et surtout par le regard qu’il offre, la posture qu’il adopte, l’énergie qu’il développe.
En plus, il existe aussi des toutous qui ne sont pas naturellement avares d’aboiements : certaines races sont en effet les championnes des coups de gueule comme les terriers ou les jack-russel. Un peu assourdissants pour les voisins d’ailleurs. Alors que d’autres se révèlent plus discrètes comme le malamute, chien costaud et résistant d’Alaska, plus tranquille, plus pépère et… de nature moins expansive ! Question de tempérament bien sûr.
On sait également que les gros toutous aboient en général moins que les…petits que l’on surnomme facilement roquets. « De façon plus générale, on peut dire que plus le chien est gros, plus il est lourd, moins il est rapide, moins il aboie aussi», explique Laurence Bruder-Sergent, auteur du livre « La cause des chiens ». Au-delà de la question de la race, si un chien jappe sans répit (et certains résistent une journée entière !) c’est parce qu’il s’ennuie, qu’il y a un malaise ou parce que son maître lui manque! Il faut savoir aussi que l’aboiement intempestif est un comportement très juvénile. En effet, le toutou-ado de 8 mois va plus souvent vouloir tester les réactions de son entourage en donnant de la voix à tout bout de champs…
Autre manifestation canine connue : le grognement. «Les gens voient généralement le grognement comme une menace et c’est souvent vrai, explique pour sa part Cheryl Smith** qui entraîne des chiens aux Etats-Unis pour des concours. Mais certains toutous grognent seulement pour s’exprimer. Et il est ici aussi important de « lire » le chien dans son entier! »
Côté homme, on a vu comment on pouvait mieux comprendre notre an
Autre signe troublant : sachez que votre chien se fiche éperdument de son propre nom. « Au cours de sa vie, essayez par exemple de le changer. Je vous assure qu’il vous répondra alors de la même manière, renchérit la spécialiste du comportement canin. L’important est l’intonation que l’on prend pour dire ce nom. Je connais l’exemple d’un chien surnommé dans un premier temps « Crapule » qui a été rebaptisé « Lulu » et qui n’y a vu que du feu… »
Dorénavant, notre résolution est prise : plus question d’abreuver nos fidèles compagnons de nos interminables mots de sympathie ou d’agacement. Cessons tout s
Si le chien ne comprend jamais un mot précis, il peut en revanche retenir et intégrer des ordres donnés de façon répétitive. Car son intelligence est réelle. Ici encore, les chiens sont inégaux. Par exemple, le labrador, le golden retriever ou le berger allemand sont tout à fait capables d’emmagasiner près de 50 ordres différents dans leur cerveau. Le caniche quant à lui, n’en retiendra qu’une trentaine et le cocker, une vingtaine au maximum. Quant au dogue allemand, on dit seulement de lui que c’est un élève appliqué, gentil, gentil. Mais qu’il peut toujours mieux faire…
* auteur de « La cause des chiens » (site internet officiel : www.comportement-canin.com)
** auteur de «Parlez-vous chien ? » (Ed. Le jour). En librairie le 15 nov. Prix : 22,40 euros.