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16 mai 2008 5 16 /05 /mai /2008 14:27

Réussir l’achat d’un chiot de race dans un élevage

Vous avez pris la décision d’acheter un chiot chez un éleveur spécialisé dans la reproduction d’une race. Voici quelques informations pour vous aider à faire le bon choix.

 

 

Quelques questions de bon sens, pour commencer

 

                                  

*                               Oubliez l’idée que choisir l’élevage le plus primé de France est une garantie parfaite d’équilibre psychologique et comportemental : ce n’est pas parce que votre chiot est issu de champions qu’il est bien dans sa tête. L’éleveur a peut-être veillé à socialiser les chiots en les stimulant, mais il peut aussi se contenter de faire se reproduire des chiennes sans les sortir de leurs boxes. Pensez à bien vous renseigner avant de vous rendre sur place et à poser des questions le moment venu.



*                               « Beau chien » ne signifie pas obligatoirement (même si ce n’est pas incompatible) « excellent gardien », « chasseur efficace » ou « bon rapporteur ». Vous risqueriez d’être déçu si vous n’avez pas envisagé la possibilité qu’aucun être vivant ne peut exceller dans tous les domaines : ni humain, ni chien ! A vous de décider à l’avance quelle est la caractéristique la plus importante pour vous, et celles qui vous paraissent secondaires. Vous pourrez ainsi concentrer vos recherches du meilleur chiot pour vous en fonction de vos attentes.

 

*                               C’est à vous de cerner vos besoins et vos envies : souhaitez-vous un chien de compagnie (dans ce cas, il est plus important que le chien soit équilibré psychologiquement plutôt qu’une bête de concours de beauté), un champion de travail (dressage spécifique à la chasse ou à la défense par exemple) ou un futur roi des rings (alors le fils du champion est celui qu’il vous faut) ? Faites le choix de l’élevage en conséquence. La plupart des bons éleveurs vous indiqueront la lignée idéale pour répondre à vos attentes. 

 

*                               La quantité peut, dans certains cas, nuire à la qualité.  Les éleveurs sérieux et professionnels ont beaucoup de difficultés à vivre de leur passion, et sont parfois obligés de posséder de nombreux étalons et lices, afin d’atteindre un « rendement » minimum, leur permettant de payer leurs lourdes charges. Ce nombre important de géniteurs ainsi que les normes imposées par les services vétérinaires, signifient la plupart du temps que les chiens vivent en chenil, isolés de la maison des éleveurs, et donc de leurs activités quotidiennes. Il n’est effectivement pas possible de vivre avec plusieurs dizaines de chiens dans une maison.

 

Dans ce cas (lorsque les chiens vivent en boxes, isolés des humains), ils risquent de ne pas être habitués aux stimuli quotidiens comme :

 

o                    Un aspirateur en état de marche

o                    Des machines à laver, lave vaisselle, appareils ménagers faisant du bruit

o                    Des enfants qui jouent, pleurent, crient, s’agitent, s’excitent, font du vélo, jouent au ballon (si votre petit dernier apprend à manier les percussions, le chiot risque d’avoir du mal à s’habituer à ce nouveau stimulus !)

o                    La télévision ou la radio en fonctionnement

o                    Tous les bruits qui font le quotidien d’une maisonnée

 

De même, les chiots ne côtoient pas forcément d’autres espèces : chats, oiseaux, rongeurs…songez-y, surtout si vous êtes passionné d’animaux et possédez d’autres individus d’espèces différentes chez vous.

 

De plus en plus de professionnels sont sensibilisés à ces questions et font le maximum pour stimuler les chiots dès la naissance. Je connais une éleveuse qui a installé des hauts parleurs dans la nurserie, et qui passe toute la journée de la musique ou des informations, selon la station de radio choisie. Même si c’est insuffisant pour éviter tous les problèmes, il s’agit d’un bon commencement.

 

D’autres éleveurs emmènent à tour de rôle un ou plusieurs chiots dans des lieux riches en stimulations, pour les habituer à des expériences variées : parcs d’enfants, lieux publics plus ou moins fréquentés, etc.

Voilà un gage de sérieux, n’oubliez pas de vous enquérir au préalable auprès des éleveurs qui vous intéressent, d’une telle façon de faire.

 

*                               L’élevage choisi est-il en adéquation avec le futur environnement du chien ? un élevage isolé en pleine campagne vous parait peut-être idéal pour naître et grandir, mais dites-vous bien que, si vous habitez en ville, votre chiot risque d’être confronté à de nombreuses nouveautés : bruits, circulation, monde, agitation.



*                               Essayez de ne pas acheter un chiot de plus de 12 semaines dans un élevage très pauvre en stimulations. Plus votre chiot est âgé au moment où vous le ramenez chez vous, plus il aura de difficultés à s’habituer aux stimulations qu’il n’a pas connues avant. Ce critère des 12 semaines est variable selon les spécialistes qui étudient les comportements, car pour certains, passées 10 semaines le chiot n’est plus suffisamment apte pour l’adaptation à un milieu totalement différent de son contexte de naissance.

 

Dans ma pratique de comportementaliste, j’ai malheureusement connu de nombreux chiens terrorisés par le bruit des voitures, camions ou motos, incapables de faire un pas de plus sur le trottoir, tant la panique les submergeait. Ces attitudes de peur ont parfois mis leur vie en péril, et un long travail d’habituation a dû se mettre en place afin de permettre au chien de se promener tranquillement avec son maître.

 

Autant vous éviter ce genre de désagrément en anticipant le problème, c'est-à-dire en choisissant un lieu d’élevage contextuellement proche de votre lieu d’habitation (c’est à dire qui ressemble à la situation que le chiot connaîtra chez vous), avec présence plus ou moins riche de stimulations, ou en demandant à l’éleveur de préparer les chiots à ces stimulations. Une sortie en ville par semaine, une visite d’enfants tous les deux / trois jours, une proximité avec d’autres animaux peuvent suffire à le rendre prêt pour de nouvelles expériences.

 

Note : l’âge légal de vente d’un chiot est de 8 semaines, et cela n’est pas par hasard. Outre les questions de développement, de sevrage, de socialisation, la phase d’imprégnation spécifique, durant laquelle le chien est le plus à même de connaître des expériences variées et de les assimiler sans traumatisme, est extrêmement courte (de 10 à 16 semaines selon les races). Il ne vaut donc mieux pas prendre un chiot de 6 mois du fin fond des Alpes, qui n’a côtoyé que des vaches et des tracteurs, pour l’emmener vivre au centre ville de Paris. Par contre, adopter un chiot de cet âge ne pose aucun problème particulier (mis à part la période d’adaptation au nouvel environnement) si sa « nouvelle » vie se rapproche de la précédente, et ce, quel que soit son âge.

 

 

 

 

Laurence Bruder Sergent, comportementaliste

www.formationcomportementaliste.com

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